Dans les années 1990, le rock britannique revient sur le devant de la scène, porté par des groupes tels Blur, Oasis, Pulp et Suede, que la presse rassemble sous l'étiquette Britpop. Non contents de s'inspirer des grands groupes locaux des années 1960, comme les Beatles, ces musiciens se distinguent par une écriture et une image profondément ancrées dans leur propre identité britannique, et évoquent volontiers dans leurs chansons le mode de vie de la jeunesse comme la culture de la classe ouvrière.
Cette renaissance sur les plans musical et culturel (participant au phénomène Cool Britannia) est contemporaine de la rénovation de l'idéologie et de l'image du Parti travailliste, qui devient New Labour sous la férule de Tony Blair, intéressé par la vision positive de la britannicité dépeinte par la Britpop. Dans la course aux élections législatives de 1997, le chef de l'opposition cherche à présenter son parti comme jeune et moderne, et se rapproche des acteurs de la scène rock de l'époque dans le but de courtiser l'électorat jeune qui fait défaut à la gauche depuis les années 1980. L'utilisation du rock en tant qu'outil de soutien politique pourrait néanmoins paraître contre-nature à cause du rôle traditionnel de ce genre musical, lié aux sous-cultures et mouvements contestataires. L'étude des excroissances du mouvement Britpop, visibles jusqu'à l'accession de Gordon Brown au poste de Premier ministre en 2007, permettra de dégager l'existence d'une veine critique et contestataire au sein de cette même scène rock, proposant une vision plus réaliste de la société, rappelant l'idée de Broken Britain mise en avant par les Conservateurs à cette époque. Mots-clés : Royaume-Uni, Parti travailliste, Parti conservateur, Rock, Identité britannique, Chansons engagées, Cool Britannia |